LITTORAL LANGUEDOC ROUSSILLON : "UNE COMMUNE - UNE FORÊT"

Photo de Tom Swinnen

Groupe Local du Pays de l'Or

Sur le littoral du Languedoc Roussillon, les deux objectifs de "zéro artificialisation nette" et d'une autonomie alimentaire locale trouveraient un début de réponse commune en la création de forêts périurbaines vivrières à proximité de chaque municipalité.

L’héliotropisme national doublé d’une spéculation immobilière locale contribue à bétonner notre littoral. A coup de nouveaux lotissements et zones industrielles, nos communes côtières grignotent allègrement sur les terres voisines qui sont souvent en agriculture intensive, sans relief, sans bocage et sans haies .

=> En Languedoc-Roussillon, notre littoral déboisé contraste donc avec notre arrière pays où l’IGN (Institut National de l’Information Géographique et Forestière) dénombrait en 2010 la presque totalité des 1,2 million d’hectares de forêt dont:

  •  93% produisent du bois,
  • seulement 7% (80 000 hectares) sont assignés à la protection naturelle (biodiversité, sols, eau, érosion, etc.). 

=> Selon une étude publiée en 2017 par le cabinet de conseil Utopies, les cent premières villes françaises ne pourraient consommer qu'un maximum de 2 % produits locaux et devraient compléter avec  98% distants.
En parallèle, 97 % de ce qui est produit autour de ces aires urbaines serait exporté hors de leur voisinage. 

Pour reboiser et préparer une autonomie alimentaire littorale répondant à un scénario éventuel futur de rupture de la chaîne alimentaire, une nouvelle tâche émergente incombe donc à nos maires : celle de d'ouvrir la voie à l'autosuffisance locale en montrant l'exemple avec: 

"Une commune - une forêt"

La production de cette forêt communale serait loin de couvrir les besoins alimentaires locaux mais contribuerait à sensibiliser les riverains à la fragilité de l'écosystème du vivant et à leur rôle dans cet écosystème. Elle ouvrirait la voie au changement de paradigme nécessaire à la transition écologique.

En l’absence initiale de forêt communale, il devrait leur être possible de renaturer un espace artificialisé ou bien en friche, et accessible à pied par ses habitants.

Il leur devrait être aussi possible de préempter un espace agricole riverain de la commune,  dont l’agriculteur peut être relogé sur une autre terre ou être guidé en reconversion pour un fermage de cette forêt communale.

Quel type de forêt?

La nature de cette forêt péri-urbaine pourrait être vivrière, en apportant sa contribution à l'alimentation locale, tout en offrant les avantages de la renaturation des sols. 

Nous avons aussi la chance d'avoir été informé.e.s des caractéristiques remarquables des micro-forêts, dont le concept nous vient du japonais Akira Miyawaki. Grâce à son travail, nous sommes en mesure d'obtenir une croissance extrêmement rapide, selon certains 10 fois plus rapide qu'en plantation traditionnelle.

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 Avantages forêt périurbaine:

La présence d’une forêt périurbaine fait bénéficier la commune des points environnementaux suivants:

  1. Compatibilité avec l’objectif Zéro Artificialisation Nette des sols en 2050,
  2. Séquestration du carbone (Initiative 4 pour 1000) et bilan carbone positif,
  3. Réponse à l’érosion des sols et restauration des sols dégradés,
  4. Rétention de l’humidité et gestion des eaux de ruissellement,
  5. Réserve de biodiversité pour la flore et faune locales,
  6. Régulation des températures  jusqu’à -2deg C dans l’environnement immédiat,
  7. Accès des habitants à une zone extérieure de fraîcheur pendant les canicules, 
  8. Espace de ressourcement pour les habitants, participant à la qualité de vie urbaine.
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Photo de Tom Swinnen

Avantages forêt comestible:

Les forêts comestibles, « food forests » sont un sous-ensemble spécifique de l'agroforesterie conçu pour produire une grande variété d'aliments comestibles tout en imitant la structure d'une forêt naturelle. 

Cet écosystème végétal produit fruits, légumes, noix, etc., contribuant ainsi aux points alimentaires suivants :

  1. Résilience et autonomie alimentaire locales,
  2. Circuit court d’alimentation,
  3. Juste prix pour l'agriculteur,
  4. Alimentation de saison,
  5. Lien social,
  6. Création d’emplois.

Rappel sur les micro-forêts : 

Parmi toutes les méthodes de reforestation, la micro-forêt du botaniste japonais Akira Miyawaki a retenu l’attention en France pour sa facilité et rapidité de résultat, et a donné cours à de nombreux projets de micro-forêts françaises. Son concept de micro-forêt reproduit le modèle de fonctionnement d’une forêt naturelle et primitive.

 La méthode consiste à améliorer le sol avant de planter des essences locales de manière dense (3 arbres au m²).  Celles-ci vont alors entrer en compétition pour accéder aux ressources, et leurs efforts initiaux stimuleront une croissance d’environ 1 mètre de haut par an. Cette forêt ne nécessitera qu’un investissement de 3 ans, à savoir : 

  1. maintenance humaine pour retirer les herbes qui pourraient empêcher le développement des jeunes plants,
  2. arrosage donc utilisation des ressources d’eau.

Après ces trois ans, cette forêt aura atteint une taille suffisante pour être autonome, et n’aurait plus besoin ni d’eau ni de maintenance.

Les arbres de ces forêts poussent selon certains 10 fois plus vite que les arbres plantés de manière traditionnelle.


Empreinte au sol pour une autosuffisance complète : 

La superficie d'une forêt communale comestible peut se rajouter à celle des terres agricoles locales pour atteindre la production nécessaire pour une autosuffisance alimentaire locale.  

Pour information, selon le rapport « Empreinte au sol, énergie et carbone de l’alimentation » de l’ADEME publié en 2020, l’empreinte au sol nécessaire à l’alimentation d’un être humain en agriculture conventionnelle est estimée à : 

  • 1200m2 pour un régime végétalien et 
  • 5200m2 pour un régime carné.  

Il faudrait donc l’équivalent minimum de 1200 m2 (0,12 hectares) de céréales, oléagineux, légumes, et fruits pour nourrir en produits végétaux une personne par jour.  

A titre indicatif, la superficie nécessaire à une autonomie alimentaire complète pour une commune de 10 000 habitants commencerait donc à partir de 1200 hectares (3,5km x 3,5km).  

Paris Nature - Exemple de projet de forêt urbaine

France 2 - Exemple de forêt vivrière

France-TV - Exemple de projets de micro-forêt urbaine