Poisson d'avril du Ministre farceur de l’Agriculture Marc Fesneau. Il signe, pour la quatrième année consécutive, une autorisation dérogatoire de mise sur le marché d’une molécule chimique classée “très toxique" pour les organismes aquatiques… à usage aquatique en Camargue.

Comble du cynisme : polluer un parc classé réserve de biosphère

Cet herbicide qui entraîne des effets néfastes à long terme est le benzobicyclon, commercialisé sous la marque Avanza par le groupe américain Gowan (280 M€ de CA en 2023). Le comble du cynisme est qu'il est fléché spécifiquement sur un usage en milieu aquatique : désherber les rizières immergées de Camargue.

La Grande Camargue est pourtant une zone humide classée Parc Naturel Régional et Réserve de biosphère de l’UNESCO, abritant un inestimable patrimoine naturel. Cette classification “très toxique” fait référence à des substances qui, par inhalation, ingestion ou pénétration cutanée en très petites quantités, entraînent la mort ou nuisent à la santé de manière aiguë ou chronique. Sur le site de l’agence européenne des produits chimiques (ECHA), il est indiqué que cette molécule est “susceptible de répondre aux critères de cancérogénicité, de mutagénicité ou de toxicité pour la reproduction”. 

Aucune étanchéité n’est possible dans l’écosystème camarguais. La pollution des eaux souterraines et de surface contamine l’ensemble des milieux, des chaînes alimentaires, jusqu’à nous humains. Les effets sur la santé humaine sont indissociables des dégâts écologiques. 

Un choix de société : préserver la vie ou la compétitivité 

Une fois encore, le Ministre de l’Agriculture cède à une addiction française, elle-même encouragée par les lobbies de l’agrochimie, au mépris du principe de précaution.  La récente “crise des agriculteurs” fût le prétexte pour Gabriel Attal d’annoncer la suspension du Plan Ecophyto (visant à réduire de moitié l’usage des substances phytopharmaceutiques (pesticides, herbicides, fongicides) à horizon 2030.  Cela alors que les revendications des agriculteurs étaient de nature très différente : niveau de rémunération, assouplissement des contraintes administratives, etc. 

La France s'est aussi illustrée récemment par son abstention (favorisant la victoire du “pour”) lors du vote des Etats européens sur la ré-homologation pour 10 ans du glyphosate (star des herbicides, initialement commercialisé par le groupe Monsanto). Emmanuel Macron avait pourtant annoncé vouloir en sortir dès 2017 sous trois ans. Comment Christophe Béchu, Ministre en charge, peut-il espérer rester crédible sur la stratégie nationale biodiversité et, “en même temps”, avaler de telles couleuvres ? La responsabilité majeur de telles substances dans la perte des populations d’oiseaux notamment (dont regorge la Camargue) n’est plus à démontrer (-57% d’individus depuis 1980 en plaines agricoles où ces substances sont utilisées abondamment). 

Sans méconnaître les problèmes que rencontrent les riziculteurs ni les enjeux stratégiques de la production de riz français, le constat est fait d’une impasse structurelle : le modèle agricole est en bout de course. Il n’y a pas d’avenir du riz hors de l’agriculture biologique. Relever le défi difficile de cette transition exige un engagement fort de l’Etat et un soutien actif à cette filière.

Les Ecologistes exigent le retrait immédiat de cette substance du marché et de la Camargue.
Nous appellons à un respect de la loi française et européenne qui exigent qu'aucune substance ne soit autorisée dès lors que son innocuité sur la santé ou l’environnement n’a pas été prouvée.  Le principe de précaution doit s’appliquer ! Nous appelons aussi les citoyen-nes intéressées à rejoindre la campagne contre ces substances de mort, et à visionner le film Secrets Toxiques.

Benoît Biteau, paysan et eurodéputé écologiste en campagne, présent dans le film Secrets Toxiques, sera samedi 6 avril à 14h à Lansargues en petite Camargue, pour un Café Vert intitulé“Agriculture vertueuse entre deux métropoles, Nîmes et Montpellier”

  • Sylvain Delavergne, (co) porte-parole régional des Ecologistes Languedoc-Roussillon
  • Didier Caire, membre du conseil politique régional, Groupe local Vidourle-Camargue