Fiers de contribuer à cette demande, dans la majorité de gauche du Conseil départemental de l'Aude
Viticulture Nouvelle lettre au ministre
Après deux invitations ministérielles restées sans réponse, la présidente du Département Hélène Sandragné co-signe un courrier adressé cette fois à la nouvelle ministre de l'Agriculture Annie Genevard. Les élus de gauche audois et représentants de la profession viticole l'invitent à venir faire le constat du "grand désarroi" de la viticulture audoise, sinistrée par la sécheresse et les épisodes de grêle à répétition. Ils en appellent à "des mesures de soutien complémentaires" au plan d'arrachage déjà prévu.
Publié le 22 octobre 2024 sur le site du Département de l'Aude
Madame la ministre de l’Agriculture,
Il y a de cela une année, bien avant la manifestation vigneronne de novembre 2023 à Narbonne et le mouvement agricole de janvier 2024, nous avons interpellé la Première ministre, madame Elisabeth Borne, pour la sensibiliser au grand désarroi d’une filière au bord de la rupture.
Nous avons fait de même quelques mois plus tard avec son successeur, monsieur Gabriel Attal.
Le but de nos demandes visait à les sensibiliser aux difficultés très particulières de notre filière méditerranéenne, et nous les invitions à venir à notre rencontre, dans nos vignes, afin qu’ils se rendent compte de la situation exceptionnelle, et unique en France, vécue par les vignerons de ce territoire en proie à une sècheresse persistante.
Aucun des deux ne nous a répondu.
Depuis, une sécheresse plus forte s’est installée. Et ce qui de mémoire de vigneron était jusqu’alors considéré comme un aléa climatique au même titre que le gel ou la grêle, est malheureusement devenu la norme.
Dans le même temps l’inflation, conjuguée à une baisse de la consommation et des prix, continue de grever les trésoreries des entreprises.
Au bilan des vendanges, 2024 restera une année ou rien n’a changé, si ce n’est en pire. La faiblesse des récoltes, même dans les zones irriguées du département, est générale.
Nos cépages endémiques commencent à mourir, et l’état du végétal est tel que beaucoup renoncent à vendanger des parcelles entières pour de simples raisons de rentabilité.
Dans ce contexte résumé à grand trait, les répercussions sont inédites et extrêmement inquiétantes, pour le présent comme pour l’avenir. Sans sa viticulture, un département comme l’Aude perd un pan essentiel de son économie, et dans l’urgence des réponses à apporter aux transformations que nous imposent le dérèglement climatique, aucune des solutions n’est économiquement viable à très court terme.
La viticulture est une chance pour nos territoires méditerranéens, elle doit le rester. Mais sans un accès minimal à une irrigation raisonnée, et la mise en oeuvre de mesures d’accompagnements structurels, nous n’aurons aucun espoir d’opérer les transformations indispensables pour lesquelles la profession est prête.
La viticulture est une culture du temps long. Elle a besoin de ce temps pour évoluer vers plus de résilience (arrachage, ré-encépagement, nouveaux marchés etc.). La contrainte climatique ne lui permet pas d’en disposer.
Pour demain, le plan d’arrachage qui va être mis en application va permettre de répondre à l’urgence sociale d’une grande partie des professionnels. A tout bien considérer, il sera un véritable plan social de la viticulture. Il permettra à des vignerons en fin de carrière sans repreneurs de pouvoir quitter le métier avec un minimum de capital, et pour les autres de restructurer leurs exploitations en arrachant les surfaces les moins adaptées aux marchés et/ou impactées par la sécheresse.
À la vue de la situation, il faut d’ores et déjà s’attendre à ce que l’enveloppe prévue pour cette "mesure de réduction définitive du potentiel viticole" soit rapidement consommée et ne permette pas de couvrir toutes les demandes d’arrachage. Et alors que se discute la possibilité de mettre en oeuvre des mesures d’arrachage temporaire, des propositions de la profession sur des mesures de soutien complémentaires destinés à des investissements pour la commercialisation, ou à la trésorerie par l’étalement de la dette, sont sur la table.
Elles ne sont en aucun cas exorbitantes. Elles méritent d’être entendues et discutées.
Il est primordial d’agir vite et ne plus se contenter de réponses conjoncturelles ou temporisatrices. Cependant, malgré ce tableau assez sombre de la situation, nous sommes convaincus qu’un avenir existe pour la viticulture audoise.
Nous vous invitons dans notre département pour en découvrir la réalité du moment, et surtout discuter des perspectives pour cette activité essentielle pour notre économie.
En espérant une réponse positive, nous vous prions de croire, madame la ministre, en l’assurance de notre haute considération.
Les co-signataires : Gisèle Jourda, sénatrice de l'Aude : Sébastien Pla, sénateur de l'Aude et vice-président du groupe Vigne et vin du Sénat ; Philippe Vergnes, président de la Chambre d'agriculture de l'Aude ; Jean-Marie Fabre, président des Vignerons indépendants de France ; Ludovic Roux, président des vignerons coopérateurs d'Occitanie ; Alexandre They, président de la Fédération des vignerons indépendants d'Occitanie ; Christophe Gualco, président de la Fédération des vignerons indépendants de l'Aude ; Frédéric Rouanet, président du syndicat départemental des Vignerons de l'Aude.