Tous les jours des défenseurs de la nature sont agressés ou tués dans le monde, à Montbazin aussi.
La préservation de notre environnement est un enjeu vital pour la survie de l'humanité sur Terre. Mais en entendant cette évidence, il est faux de croire que cela ne concerne que la fonte de la banquise, le dégel du permafrost, la déforestation des forêts tropicales, la montée du niveau des mers et océans, le rechauffement climatique, les mers de plastiques, … autant de désastres écologiques qui ne doivent pas nous faire oublier nos propres éco-systèmes. Et il est tout aussi important de lutter contre l'extinction de masse d'espèces vivantes que pour la protection d'espaces naturels autour de chez soi ; ces combats sont un tout. Et d'ailleurs, leurs combattants sont menacés de la même façon en Amazonie qu'à Montbazin (34), où le pourfendeur des décharges sauvages qu'est Christian Puech a été violemment agressé ce lundi 24 mai alors qu'il filmait un camion-benne déchargeant des déchets du bâtiment dans la garrigue.
Et les élus locaux, qui protègent les espaces naturels de leur territoire, sont souvent très seuls pour s'opposer à des individus ou à des sociétés qui prennent leurs communes pour des décharges. En août 2019, c'est la mort du maire d'une commune du Var, après avoir tenté d'empêcher le dépôt sauvage de gravats, qui suscite une émotion nationale, incitant le gouvernement à accroître les peines pour celles et ceux qui attentent à la vie d'une personne dépositaire de l'autorité publique.
Mais qui défend les espèces sans voix, de la faune et de la flore, des crimes d'écocide ? En tous cas, pas le gouvernement qui a complètement vidé de leur substance les 149 propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, et entre autres celle de la reconnaissance dans le droit français du crime d'écocide. La nature ne doit plus n'être qu'un objet de droit, mais bien un sujet de droit. La nuance est importante, car il ne s'agit plus de considérer les actes des personnes, physiques ou morales, sur la nature, comme cela se fait depuis toujours sur leurs actes envers les biens et envers d'autres personnes, mais de considérer la nature comme victime d'agressions, d'attaques et de destructions. Celles et ceux qui la défendent doivent aussi voir leurs droits reconnus, et leurs agressions sanctionnées bien au-delà de sanctions courantes pour coups et blessures.
Il est ainsi à craindre que l'agression de ce retraité ne relève que d'un délit léger, classé dans la rubrique statistique des attaques contre les biens ou les personnes, et qu'une fois de plus le crime, voire même le délit d'écocide ne soit pas reconnu. Alors une façon de mettre fin à cette impunité est de donner le pouvoir aux écologistes, pour qui l'écologie ne se cantonne pas à l'environnement, mais prend aussi en considération les enjeux sociaux et démocratiques pour bâtir l'avenir de nos enfants.