[GL Pays de l'Or] Ce que contient notre eau potable

L’eau est une ressource première d’autant plus précieuse que la croissance démographique du canton de Mauguio augmente continuellement sa consommation. Sur le canton, l’eau du robinet est un mélange provenant à la fois des 10 captages locaux de la nappe phréatique et de l’eau acheminée par le canal du Bas Rhône (ou canal Philippe Lamour). ​

1-Vulnérabilité des captages de la nappe d’eau locale

Le canton de Mauguio est considéré comme le « jardin de Montpellier » et plus de 50 % de ses terres  sont dédiées à l’agriculture de maraîchage, de viticulture et de grandes cultures, historiquement en monoculture avec intrants phytosanitaires. 

Fin 2019, 1137 hectares sur 5564, soit 20% du total  des terres agricoles du canton étaient en bio, chiffres de l'Agence Bio à laquelle tous les opérateurs bio doivent notifier leur activité.(le Schéma de Cohérence Territoriale (SCOT) du Pays de l’Or est erroné sur ce sujet). 

Les 80% restants en agriculture conventionnelle contribuent à polluer principalement huit des captages locaux avec des nitrates, des pesticides et leurs résidus, captages qualifiés de prioritaires. 

Depuis 2011, la Communauté d’agglomération du Pays de l’Or a lancé un plan d’action baptisé «Objectif Nappe ! » pour la protection et la reconquête durable de la qualité de cette nappe phréatique qui alimente en eau potable les captages du territoire. Il consiste entre autres, à racheter les terres voisines des captages pour les passer en bio, principalement les Zones de protection (ZAP) des Aires d'Alimentation de Captages (AAP).  

Voir document "captages prioritaires -> stratégie foncière".

Le département se doit d’accompagner l’effort de la communauté d’agglomération du Pays de l’Or pour promouvoir la transition agroécologique localement. En effet, l’eau de pluie percole partout sur les terres agricoles jusqu’à la nappe phréatique et non seulement autour des captages. 

De son côté, le département peut aussi entreprendre en partenariat avec la SAFER, un programme d’acquisition foncière, cette fois ci autour des pôles urbains aux abords des écoles et des lotissements. Ceci contribuera à assainir la nappe phréatique et l’air respiré par les habitants en périphérie de commune,  ainsi qu’à protéger la biodiversité de l’étang de l’Or. Il peut aussi augmenter les aides techniques, logistiques et financières qui accompagnent la transition agroécologique. Il peut également imposer des critères d'éco-conditionnalité pour ses contrats et achats publics.

2- Rappel - normes qualitatives - eau potable

Le Code de la santé publique entend par «pesticides»  les insecticides, herbicides, fongicides, nématocïdes, acaricides, algicides, rodenticides et les produits anti-moisissures organiques ainsi que les produits apparentés (notamment les régulateurs de croissance), leurs métabolites, produits de dégradation et de réaction pertinents.  

Contrairement à l'idée fabriquée par les industriels d'un manque de données sur les effets sanitaires des PFAS actuellement utilisés, le projet PFAS-Tox a identifié 742 études sur 29 PFAS justifiant encore le besoin de gérer de tous les PFAS environ 5000 substances, comme une seule classe de produits chimiques.

Source : Réseau environnement santé sur les Perfluorés

3- Exemple de résultat d’analyse ARS d’eau potable

Examinons pour exemple les résultats de prélèvement bi-annuel des taux de pesticides dans l’eau potable de Mauguio effectués ce 8 Février 2021.

 Ils sont similaires aux résultats des villes voisines, y compris Montpellier, et sont tous extraits du site gouvernemental « solidarites-sante ». Sur le canton, les valeurs de 300 pesticides sont examinées. Pour faciliter leur accès, les résultats du prélèvement sont disponibles sous forme PDF de 12 pages : ​

Pour information, la liste des 300 pesticides testés commence à partir du pesticide « sulcotrione ». Elle regroupe les insecticides, herbicides, fongicides, nématocides, acaricides, algicides, rodenticides, produits anti-moisissures et apparentés notamment les régulateurs de croissance, et les métabolites de ces pesticides.

4- Interprétation de la qualité de l’eau potable

Une première imprécision: le pesticide Hydrazique Maleique est mesuré comme <0,5 μg/l . Cela ne prouve pas qu’il est < 0,1 μg/l, donc sa concentration n’est peut-être pas dans les normes.

Non prise en compte de l’effet cocktail ​

L’effet cocktail est bien connu des scientifiques, c’est quand 1+1 = 3 au lieu de 2, quand l’alliance de plusieurs pesticides fait plus de dégâts que la somme de leurs effets secondaires individuels. L’effet cocktail des 300 pesticides n’est pas pris en compte dans ces critères de qualité. 

Donc les mesures peuvent être dans les normes sans que l’eau soit de qualité.

La somme de 300 valeurs négligeables n’est pas toujours négligeable

Est-ce que la somme de tous les pesticides et résidus est bien inférieure à 0,5 μg/l ?
Quand les valeurs individuelles indiquent < à X, cela signifie que la technique de dosage ne peut pas détecter le pesticide en dessous de ce seuil X de détection. 

Sur un total de 297 pesticides:  

  • (a)      6 pesticides ont pu être mesurés soit  un total de 0,072 μg/l 
  • (b)      291 pesticides sont à des valeurs non mesurables par les appareils de mesure, c.à.d. sont de concentration négligeable.

Mais une concentration négligeable individuelle multipliée par 291 peut devenir non-négligeable et > 0,5 μg/l.

Manque de précision des instruments de mesure ​ 

D’autant plus quand certains appareils de dosages ne sont pas très performants et ne détectent individuellement pas en dessous de 0,1 μg/l pour le Thirame, Themefos, Ethylene Ethiouree , Hydrazique Maleique, Diphenylamine, Dithianon, Dodine, Piclorame, Ethyluree. Donc avec les moyens techniques de mesure du bord, il n’est pas correct d’écrire en page 9 que le « total des pesticides analysés = 0,072 μg/l » car cela ne concerne que 6 valeurs sur 297 sans additionner les traces des 291 autres pesticides. ​

Principe de précaution ​ 

Ceci nous amène au principe de précaution défini lors du sommet de Rio de 1992. Dans le doute, et jusqu’à preuve du contraire, ne vaudrait-t-il pas mieux considérer l’eau du robinet de Mauguio comme de qualité inférieure et prendre des mesures en conséquence (en excluant bien-sûr de la remplacer par des bouteilles d’eau minérale en plastique) ?

5- Conclusion   

Donc l’eau du robinet de Mauguio jusqu’à preuve du contraire n’est probablement de qualité, quoique que restant potable. Le département se doit d’améliorer l’état de l’eau du robinet sur le canton, en parallèle avec les efforts des autres autorités locales.