Gare de la Mogère, LNMP : stop aux fantasmes

« Examine si ce que tu promets est juste et possible, car la promesse est une dette. »

Selon toute évidence, Damien Alary n’a pas lu Confucius. Il aurait pourtant dû avant de promettre une mise en service de la ligne nouvelle Montpellier-Perpignan (LNMP) pour 2020.

Au mieux, l’enquête publique débutera fin 2016 et débordera sur 2017, si ce n’est sur 2018. Sachant qu’il faut compter ensuite dix-huit mois pour l’instruction des dossiers, les travaux, qui doivent durer cinq ans, ne commenceront pas avant 2020 dans tous les cas de figure.

Et encore, pour espérer une mise en service en 2025, il faudrait d’ici 2020 boucler le plan de financement. Soit réunir la bagatelle de 5,5 milliards d’euros, ce qui ne sera pas une mince affaire dès lors que la LNMP n’est pas une priorité de l’État qui lui préfère le Canal Seine Nord et les liaisons Bordeaux-Toulouse et Lyon Turin. Et que le privé se détourne des LGV, échaudé par des catastrophes industrielles telles que la faillite, cet été, de TP-Ferro, l’opérateur de la ligne Perpignan-Figueras.

Si Damien Alary parle trop vite, il pense aussi avec une époque de retard. En ne voyant pas d’autres priorités ferroviaires pour la future Région que la très grande vitesse, il s’exprime comme un technocrate des années 1970 et oublie complètement les transports du quotidien qui pourtant sont ceux qui intéressent les habitants de cette région, lesquels attendent désespérément une amélioration de la ponctualité et de la régularité mais aussi la mise en œuvre de nouvelles liaisons. Damien Alary oublie aussi l’enjeu du fret, néanmoins fondamental dans une région comme la nôtre, devenue avec le temps un couloir à camions avec toutes les nuisances que cela comporte.

Pour les écologistes, il importe de réordonner les priorités en matière ferroviaire pour une politique véritablement au service des habitants de la grande région : priorité aux transports du quotidien, priorité au fret ferroviaire (donc à une ligne mixte fret-voyageurs sur l’axe Montpellier-Perpignan) et priorité à la réduction du temps de transport entre Toulouse et Montpellier.

Aussi, l’annonce de la délivrance du permis de construire de la gare de la Mogère, dans la campagne montpelliéraine, revient à mettre la charrue avant les bœufs en activant un projet qui nourrit peut-être les fantasmes d’élus en mal de grands travaux ou de grandes inaugurations mais constitue à coup sûr un contre-sens terrible en matière d’urbanisme et de mobilité. À quelques semaines de la COP21, comment peut-on oser lancer la construction à 150 millions d’euros d’une gare mal connectée qui ne verra peut-être que trois à quatre trains par jour ?

 

Mathieu BOUCHARD, porte-parole EELV LR : 06 28 33 45 24 – [email protected]

Artee PANRAY, porte-parole EELV LR : 06 23 30 60 58 – [email protected]