Semaine de la coopération agricole à Narbonne

"De la graine de blé à la baguette de pain narbonnaise"

Il y a un an, « Rencontre jeunes » organisée par la Coopération Agricole, a permis aux agriculteurs et professionnels du secteur agroalimentaire de réfléchir à la construction d’un avenir commun en écoutant un public particulier : « les jeunes ». Ces débats ont dessiné les contours d’une France alimentaire équitable, durable, performante et de qualité.

Dans la poursuite de cette initiative qui avait eu lieu à Narbonne, Sandrine Sirvent a visité, à l’occasion de la Semaine de La Coopération Agricole, la chaîne de production des produits céréaliers, du champ à la table, avec la coopérative Arterris. La visite avait pour but de mieux comprendre comment se fabrique notre alimentation au local.  

 Ces initiatives sont positives et engagent les citoyens et les agriculteurs. 

 Au programme :  

  •  10h00 : visite du moulin de Sallèles d’Aude de la coopérative Arterris, l’un des plus gros moulins du sud de la France à Sallèles d’Aude 

La Coopérative Arterris fait partie de la coopérative agricole, qui regroupe toutes les coopératives agricoles. Plus des ¾ des agriculteurs français sont « coopérateurs ».

Le Moulin a un atout, il est à proximité des bassins de consommation. Ses principaux clients sont les boulangeries du sud de la France. Ensuite, il exporte de la farine, notamment en Afrique du Nord.

  • 11h15 : visite de l’exploitation céréalière de Yoann Schaeffer, coopérateur Arterris à Cuxac d’Aude

Des pratiques agricoles qui progressent  

 Le terrain de blé dur mesure 20 ha. L’agriculteur travaille peu le sol, il ne le laboure plus. Ainsi, il s’appuie sur les insectes dits « les auxiliaires », comme les coccinelles, pour aider à combattre les invasifs, comme les pucerons. Cette pratique raisonnée, associée à l’outil d’aide à la décision (OAD) permet aujourd’hui de réduire l’utilisation d'engrais, ou de pesticides, fabriqués à base de pétrole, ailleurs qu’en France. C’est plus économique pour l’agriculteur, meilleur pour les sols et la santé des consommateurs. 

Pour garder une terre riche, la rotation de cultures : blé dur, blé tendre, orge, pois, est obligatoire dans le cahier des charges d’Arterris. 

 Ces pratiques sont encourageantes et démontrent que l’agriculture évolue.  

 L’agriculture biologique : pourquoi n’est ce pas généralisé ?  

 Il est à noter que la filière Bio existe depuis 30 ans chez Arterris. Elle concerne 20% des coopérateurs.  

 L’agriculture biologique est importante en zone méditerranéenne;  il y a le vent et le soleil qui aident à limiter les traitements.  

 Lorsqu'on sait que l’alimentation Bio permet de baisser de 25% le risque d’avoir un cancer, il semble nécessaire de généraliser l’agriculture biologique. C’est une voie qui est possible selon plusieurs études d’experts scientifiques : le monde pourrait être nourri.  

 A la question : « Quel est l’écart entre la pratique raisonnée et vertueuse de l’agriculteur et les normes qu’imposent le bio? », la réponse a été : « La clientèle manque et la baisse de rentabilité de production fragiliserait l’agriculteur ».  

La généralisation de la pratique de l’agriculture Bio est encore un impensé. Le modèle économique agricole n’est tout simplement pas, à l’heure actuelle, compatible. Les coopératives réfléchissent en fonction des besoins de l’industrie agroalimentaire. 

 Le changement climatique sans pitié :  

 L’impact du changement climatique est observé; le Blé dur commence à être cultivé dans le Centre, voire en Lorraine, alors que c’était notre région, l’endroit d’excellence pour cette production.  

 Pour les coopérateurs, l’enjeu est de trouver de nouvelles variétés adaptées, économe en eau.  Leur objectif : garantir la souveraineté alimentaire.  

 Alors que la région a toujours été propice à cette culture, le changement climatique la rend désormais risquée. La récolte est bonne une année sur 3. Par exemple, l’an dernier l’agriculteur de Cuxac-d’Aude n’a eu que 300 KG de récolte, contre 4000 Kg espérés cette année. La météo est plus propice.

  • 12h00 : passage à la Boulangerie du Moulin de la coopérative Arterris à Narbonne puis déjeuner, échanges, retour sur notre démarche « A la rencontre des jeunes », les engagements de La Coopération Agricole, dans les locaux de La Coopération Agricole Occitanie à Narbonne

 Nous avons pu déguster des sandwichs et éclairs réalisés avec de la farine fabriquée sur le moulin de Sallèles.  

 La coopérative agricole s’engage sur différents points ici en cartes mentales.

Une réelle volonté de construire avec les jeunes l’avenir de l’agriculture a permis de dégager 5 axes importants. En ce sens, la coopérative agricole a adapté sa stratégie en fonction des attentes de la part des citoyens.  

 Nous ne pouvons que féliciter cette démarche : réfléchir à un sujet aussi crucial que l’agriculture et donc, l’accès à une alimentation saine pour toutes et tous. Le chemin est engagé avec la volonté de progresser.  

 Le modèle agricole à l'échelle européenne et française rend tout de même les agriculteurs, les agricultrices,  les coopératives trop dépendants des industries agro-alimentaires qui cherchent la rentabilité et dictent finalement les règles, jusqu’à la qualité du blé qui doit fournir la couleur spéciale des pâtes que le consommateur est censé adorer …  

 Avec les conséquences du changement climatique et la nécessaire révolution agricole pour une alimentation saine que nous devons vivre, les Écologistes défendent un modèle où le revenu agricole est décroché de toute logique de rentabilité. La qualité doit primer. Les métiers de l’agriculture seront plus attractifs le jour où les citoyens prendront conscience que les agriculteurs et agricultrices sont à la fois des acteurs de la Nature et de l’Alimentation.