ECOPOLE : VALORISER NOS DÉCHETS PLUTÔT QUE DE LES ENTERRER

Vendredi 20 janvier, la Commission de suivi du site de Lambert IV* s’est tenue à l'écopôle de Lambert, le centre de tri de Narbonne, situé juste après Prat de Cest. Le Grand Narbonne a la compétence et la délégation de service est confiée à l’entreprise Suez. 

La réduction des déchets est un objectif fixé pour toutes les installations nationales. En 2026, 152 000 tonnes sera la limite à ne pas dépasser, en 2030 : 120 000 tonnes avec comme ligne d’arrivée, la saturation du site prévue pour 2037. Qu’adviendra t’il alors après Lambert IV ? De Lambert tout court ? 

 L’enjeu vise donc à augmenter la part de nos déchets qui va être valorisée. C’était une première pour ma part, et je vous propose un récapitulatif de ce que j’y ai appris.

Commençons par ce qui est rassurant: 

  • La réduction des déchets enfouis est imposée par la loi. En 2021: 170 000 tonnes contre 157 000 en 2022. Notons qu’en 2021, il y a eu un dépassement du seuil, lié à la panne d’un incinérateur d’une déchèterie de Toulouse. Une partie des déchets à enfouir ont atterri à Narbonne; la DREAL (Directions Régionales de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement) avait pourtant refusé ce dépassement. 
  • En 2021, 76% des déchets traités sur le site sont audois contre 82% en 2022. Cette proportion augmente d’année en année. Ce qui signifie que la solidarité avec nos départements voisins laisse place à des équipements adaptés et efficaces localisés.
  • Ecopole produit de l’énergie avec nos déchets. En effet, 95% de biogaz est valorisé sur le site. La valorisation en électricité permet de produire 3 millions de Kilowatts, c’est 3 fois plus que l’électricité consommée sur place. 
  • Le recyclage des déchets augmente. En effet, 41 105 tonnes de l’Aude dont 13230 tonnes du Grand Narbonne en 2020, contre 42 718 (dont 12922 tonnes) de déchets en 2022, sont récoltés, triés et recyclés. La création de l’entreprise « Eco-mobilier » qui récupère les meubles en bois, a permis de réduire le recyclage du bois. Les habitants sont de plus en plus habitués à trier, ce qui réduit la poubelle des déchets non recyclés, ceux qui seront enfouis. Le carton est en forte augmentation : il suit la progression de la consommation en ligne. 
  • Depuis le début d’année, la loi impose la récupération par les collectivités de tous les plastiques, notre système de poubelle jaune qui accepte tous les plastiques a donc pris de l’avance en la matière. 

Continuons par ce qui est à améliorer : 

  • L’odeur désagréable est traitée avec des dispositifs qui progressent au rythme des plaintes. Si vous habitez à proximité, vous avez la possibilité de vous porter volontaire pour être « jury de nez », il en manque à Prat de Cest notamment. Si vous subissez ce désagrément nasal vous pouvez écrire à : [email protected] qui centralise les plaintes. Dans votre mail, il faudra préciser vos coordonnées (Nom-Prénom-Adresse-téléphone), la date et l’heure (début-fin) de l’odeur et si vous autorisez ou pas Suez à vous contacter. 
  • Les envols de plastiques ont diminué fortement grâce à des outils adaptés, il n’y a qu’à observer les abords de la Route Départementale en contrebas du site (entre réveillon et Prat de Cest). Cependant, les élus de Bages rapportent la présence de plastiques dans les étangs; les pêcheurs s’en plaindraient et dans la campagne environnante au village. L’équipe de Suez propose de soutenir les actions de nettoyage de la nature qui auront lieu dans l’année. Chiche !
  • La valorisation des bio-déchets composés d’ordures ménagères (les déchets de cuisine, déchets de jardin) n'est encore qu’à l’étude. En effet, quelques tonnes de ces déchets provenant de gros producteurs de Narbonne (restaurants, cuisines centrales…) sont récupérées pour réaliser des essais : méthanisation ou compostage. Mais Suez attend le déploiement de la stratégie territoriale pour définir le traitement industriel. M. Vico, élu à l’environnement de Narbonne, rend compte de la politique en place en évoquant quelques initiatives : l’installation de composteurs à la demande des particuliers, des lombricomposteurs aussi. Il annonce un partenariat avec « Ideal » pour en créer en palettes recyclées. On est loin d’une stratégie ambitieuse, c’est pourtant ce qu’il faudrait. L’enjeu est de récupérer un maximum de déchets ménagers pour valoriser cette matière et réduire l’enfouissement. L’action politique doit viser la facilitation de la démarche de tri et la rendre optimale. 

EN RÉSUMÉ:

La conciliation entre l’augmentation de la population dans l’Aude et la réduction des déchets non valorisés est un enjeu de taille qui nécessite l’organisation de la collecte des déchets et l’évolution technologique et industrielle pour les valoriser sans nuire à l’environnement. 

 Il est évident que ce qui n’est pas consommé, ne génère pas de déchet : la sobriété est nécessaire au départ. Ensuite, il est primordial de faciliter les démarches de tri pour limiter les erreurs d’abord et réduire l’enfouissement des déchets. L’organisation de la collecte des déchets ménagers fermentables reste à faire; ces bio-déchets pourraient créer du biogaz. Mais est-ce une préoccupation des élus de Narbonne ?

Sandrine Sirvent - Élue écologiste au conseil départemental de l'Aude