Cinéma suite : où il est question de coûts et d'accessibilité
Ci-dessous courrier en réponse adressé à M. Claude MORELLO, président de l'association AGEPT qui gère le cinéma Marcel Pagnol et qui faisait par un courrier aux adhérents le point sur la situation actuelle. Copie de cet échange de courriers a été adressé au maire, qui n'a pas réagi.
Aigues-Mortes, le 15 novembre 2012
objet : convention Culturespaces et avenir du cinéma
Monsieur le président, cher Claude, Merci pour ton courrier du 6 novembre dernier, explicite et complet sur la situation encore confuse dans laquelle est plongé le cinéma d’Aigues-Mortes. Je crois que l’association a raison dans ce contexte regrettable de chercher le meilleur agencement possible avec le nouveau partenaire qui lui est imposé et je fais confiance au conseil d’administration de l’association Grand Ecran Pour Tous (AGEPT) pour défendre sans concession l’action culturelle locale dans l’esprit d’exigence et d’indépendance que nous lui connaissons. Je ne crois pas cependant qu’une collaboration au sens plein du mot soit possible : les buts et les moyens sont trop disparates voire contradictoires. Le cadre dans lequel Culturespaces intervient ici est sans rapport avec le cinéma, même s’ils doivent diffuser un film, mais avec l’économie du tourisme. Je voudrais discuter quelques arguments du maire tels que tu nous les rapportent :- Culturespaces va faire connaître le cinéma Marcel Pagnol qui souffrirait d’un déficit de notoriété : quelle étrange idée! Qu’est-ce que les clients de Culturespaces ont à voir avec les usagers courants du cinéma ? Evidemment la fréquentation de la salle va croître mais ces nouveaux spectateurs sont à usage unique puisqu’il s’agit de les attirer par un même film présenté en boucle s’adressant à des gens de passage. Ce qui n’est pas, on en conviendra, le profil du cinéphile amateur régulier souhaité par l’AGEPT.
- le cinéma coûte cher : c’est-à-dire? par rapport à quoi? cette phrase n’a de sens que si on la complète : par rapport à ce qu’il rapporte. Et là en effet, il est difficile de monétiser l’apport culturel, émotionnel, intellectuel que procure la fréquentation du cinéma au plus de 10 000 spectateurs payant annuels, ainsi que son rôle social ou éducatif ou même politique au sens le plus riche de ce mot. Peut-être faudrait-il a contrario évoquer les déserts culturels que sont les petites villes qui ont vu fermer leurs salles une à une? et le coût qu’elles supportent en dévitalisation et désocialisation? Peut-être faudrait-il rappeler que l’offre de culture relève des services publics essentiels dues par une municipalité?
- les travaux de mise en accessibilité sont d’un coût excessif : certes l’échéance du 1er janvier 2015, ici comme ailleurs, ne sera pas tenue. J’ai déploré le premier, par écrit, que la commission obligatoire censée évaluer la situation pour l’ensemble de la commune ne se soit pas réunie sur tout le mandat en cours. Parce que c’est à cette échelle qu’il faut réfléchir la question des moyens publics à engager et les travaux à prioriser. Mais ne biaisons pas, l’accès au cinéma est une priorité. Et c’est pour cette raison que la Ministre de la Culture vient d’annoncer tout récemment, le 4 octobre dernier, au congrès de la Fédération nationale des cinémas français, « la mise en place d'un fonds d'aide destiné à financer une partie des travaux d'adaptation nécessaire des cinémas ». L’Etat a donc pris la mesure de cet enjeu et confié au CNC le soin de mettre en œuvre cette décision. C’est dans ce cadre que nous aurions dû envisager cette mise aux normes, celle d’un effort national avec ces mécanismes de péréquation.